Novembre au jardin : Des arbres …. Et de la biodiversité !
Novembre est traditionnellement consacré aux arbres et arbustes : c’est le début de la saison de plantation des ligneux. On attend en effet que la sève soit redescendue vers les racines, ce qui se manifeste par la chute des feuilles.
Cette année plus que jamais, la canicule nous a montré que nous avons besoin des arbres, de la forêt.
Elle est le point de départ de tout ! La forêt est notre végétation naturelle originelle, en Europe tempérée. C’est elle qui, au cours des millénaires, a fabriqué l’humus assurant sa propre survie qui a ensuite été utilisé aux bénéfices de l’agriculture humaine. Son rôle régulateur du cycle de l’eau et sa capacité à fixer le CO2 interviennent bien sûr aussi sur le climat.
L’agriculture « industrialisée » a quasi épuisé l’humus des terres agricoles et le climat bat la campagne ! N’est-il pas urgent de laisser la forêt à nouveau jouer son rôle ?
Tellement d’espaces écorchés dans l’aménagement de notre territoire pourraient retrouver vie et utilité en y laissant pousser des arbres !
Mais nous voilà sortis du jardin, petite portion de terre où le jardinier peut faire des choix en faveur de la vie. Hélas, ce ne sera pas suffisant et la sécheresse de l’été nous a bien fait comprendre que les défis sont planétaires. En plus de prendre soin de son lopin, chaque jardinier n’a-t-il pas aussi à promouvoir le vivant partout où il peut avoir une place, dans nos rues, nos quartiers, les campagnes … ? En cette saison d’hiver qui commence, l’arbre devrait être au centre de nos préoccupations, c’est la saison des plantations !
Au jardin, impossible de penser « forêt ». La plupart des grands arbres ne conviennent pas aux dimensions moyennes d’un jardin. Beaucoup d’amateurs font l’erreur de trop planter, souhaitant obtenir un résultat esthétique rapidement. Il faut ensuite tailler ou abattre certains individus devenus gênants … quel dommage, quel gâchis même ! Planter un arbre est un acte généreux, désintéressé : le planteur ne verra pas l’arbre dans la plénitude de l’âge adulte de son vivant … ce sera pour sa descendance voire la génération suivante d’en profiter. Planter c’est faire confiance en la vie, croire en elle.
D’un point de vue « pratique », cela signifie qu’il faut tenir compte de la croissance assez lente de l’arbre, de l’espace qu’il utilisera une fois adulte, des conséquences de sa présence sur la végétation alentours, sur les construction, … Un arbre peut vivre plusieurs centaines d’années, nous pouvons bien consacrer quelques semaines à réfléchir à sa plantation, afin de bien choisir l’emplacement, l’espèce … non ?
Quelles espèces choisir ?
Nos espèces indigènes vont-elles réussir à s’adapter aux changements climatiques ? Peut-être pas toutes. Dès lors, comment se projeter dans 150 ou 200 ans lorsque l’arbre planté sera arrivé à sa maturité ? Quelles conditions rencontrera-t-il durant son existence ? Nous l’ignorons et ne pouvons rien faire d’autre que parier sur la vie …
Plusieurs espèces semblent particulièrement en danger, suite à des maladies : platane, aulne, châtaignier, frêne. Le dépérissement du buis a été fulgurant cet été, y compris sur de vieux sujets apparemment bien implantés.
Les ravageurs et agents pathogènes responsables viennent pour la plupart d’Asie orientale et se répandent en Europe suite à la mondialisation des échanges commerciaux. L’importation « directe » d’espèces originaires d’Asie serait bien sûr à interdire : elles apportent avec elles ravageurs et maladies auxquelles nos espèces ne sont pas résistantes. Mais les flux de marchandises qui parcourent la planète sans discontinuer sont tels que stopper l’arrivée des bactéries ou d’insectes du bout du monde semble illusoire …
Refusons donc de planter dans nos jardins des espèces exotiques, surtout celles qui appartiennent à des familles botaniques qui sont représentées aussi chez nous, en Europe : famille de l’érable, celle du frêne, par ex.
Faut-il abattre systématiquement les arbres affaiblis ? Pas forcément, il semble que les arbres adultes soient plus résistants et certains seront probablement capables de produire une descendance plus « costaude ».
Concernant le buis, il me semble plus sage d’arrêter d’en planter et de stopper net cette mode des petits buis dans des pots sur la terrasse ou le pas de la porte ! Pourquoi ne pas les remplacer par des aromatiques ligneuses comme la sauge, le thym, le romarin, la sarriette, la lavande …
Nous pourrions aussi redonner leur place de « reine du jardin » aux variétés de roses anciennes ou aux rosiers botaniques qui reviennent au goût du jour. Pour faire le bon choix, ne faisons pas l’économie d’une visite dans une pépinière spécialisée, idéalement au moment des floraisons.
Sans aller jusqu’à faire une collection de plantes, diversifier les espèces de vivaces est une sage précaution, en vue des prochaines et probables fluctuations climatiques : quel que soit le temps, il y en aura toujours qui résisteront !
Diversité au potager aussi
Cette précaution vaut d’ailleurs aussi pour le potager : si la chaleur de cet été nous encourage à planter nos tomates en plein champ, sans abri, il semble prudent d’en installer encore sous la serre si d’aventure les cieux sont moins radieux. Bref, ne mettons pas tous nos œufs dans le même panier et prévoyons des légumes aimant la fraîcheur et l’humidité et aussi des légumes qui ont besoin de davantage de chaleur.
Organisons les cultures afin que semis plantations soient plus denses pour les légumes qui ont besoin de fraîcheur, afin que les plantes plus grandes offrent l’ombrage à d’autres à leurs pieds. Renforçons les bonnes associations de culture, entre légumes et aussi avec les fleurs.
Nous créons ainsi des communautés végétales complexes où les échanges entre plantes les renforcent mutuellement sur le plan nutritionnel et aussi pour la résistance aux ravageurs et maladies. Les plantes ont leur propre solidarité, elles fonctionnent de façon collective depuis la nuit des temps : une observation à méditer en ce début d’hiver ?
Mon Premier Potager - Patricia Martin
Cet article a été rédigé par Patricia Martin. Avec son projet Mon premier potager, Patricia Martin propose des formations en groupe, théoriques et pratiques ainsi que l’accompagnement personnalisé à domicile et encore la conception et/ou l’animation de jardins collectifs. |
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